Formée à Lille en 1999 par un collectif d’abord informel de musiciens improvisateurs désireux d’expérimenter une forme originale de pratique collective, La Pieuvre fédère une scène complexe et recèle de nombreux groupes aux effectifs plus réduits s’adonnant autant au rock et au jazz (dans leurs ramifications les plus free) qu’à la musique contemporaine, électronique ou sur bandes…
Un espace de recherche
Cette grande formation s’inscrit non seulement dans le champ de la musique improvisée européenne en orchestre mais aussi dans la mouvance de la conduction telle qu’a pu, par exemple, la formaliser Butch Morris (ce dernier ne constituant cependant, dans le cas présent, ni une référence ni un point de départ connu ou revendiqué) ; la musique s’y façonne dans l’instant, se révélant au fur et à mesure qu’elle se fait, sculptée par les signes qu’Olivier Benoit (au demeurant guitariste) adresse à l’organisme vivant qui lui fait face. Gestes, regards, mouvements et mimiques : tous les moyens corporels concourent à cette transmission. Le choix de l’interactivité – qui implique précision et latitude, interprétation et altération, allers et retours d’informations – se voit doublé d’une autonomie et d’une responsabilité individuelles qui confèrent toute sa richesse à l’univers déployé et qui font de cet ensemble singulier un espace de recherche bien davantage qu’un orchestre d’improvisation dirigée.
De l’art de communiquer
Au fur et à mesure des années, l’effectif de l’orchestre s’est stabilisé pour prendre sa forme actuelle. Le travail sur la durée est une des spécificités de cet ensemble. Au fil des projets (avec Jacques Di Donato, Fred Van Hove, Gyorgy Kurtag Jr., Electronicat, ou le ciné-concert Germinal), l’orchestre a échafaudé un son homogène et singulier. _ Chaque personnalité musicale trouve sa place sans occulter celle des autres. Olivier Benoit, le “cerveau” de ce poulpe multisonore, a développé avec chaque membre un art de communiquer original, permettant de faire corps avec eux pour une “inter-(ré)activité” des plus précises entre le geste et le son, entre le son et le geste.
Une œuvre ouverte et continue
Le vocabulaire gestuel, en extension et raffinement continuel, s’élabore et s’assimile in situ, s’adaptant à l’exigence du conducteur : textures, timbres, durées, motifs, cycles et boucles rythmiques, jeux d’opposition, de stéréo ou de multiphonie (que facilitent la topographie du groupe et le redoublement de l’effectif dans certaines fonctions musicales), sont convoqués dans une forme qui se crée, inventée à tous ses degrés, et où convergent les mouvements à l’énergie ductile qui la réalisent : œuvre ouverte, continue et musique unique.
Olivier Benoit (direction), Sakina Abdou (saxophone), David Bausseron (guitare), Samuel Carpentier (trombone), Nicolas Chachignot (batterie), Claude Colpaert (trombone), Pierre Cretel (contrebasse), Ivann Cruz (guitare), Barbara Dang (claviers), Vincent Debaets (saxophones alto et baryton), Martin Granger (synthétiseur), Lune Grazilly (voix), Patrick Guionnet (voix), Martin Hackett (flûte et mélodica), Philippe Lenglet (guitare), Stéphane Lévêque (basse), Yanik Miossec (clarinette), Maxime Morel (tuba), Christophe "Pher" Motury (trompette, bugle), Peter Orins (batterie), Christian Pruvost (trompette), Antoine Rousseau (basse), Jean-Baptiste Rubin (saxophone)
La Pieuvre développe plusieurs projets :
– "Prosopôn"
– "Ellipse"
– "Feldspath" (avec Circum Grand Orchestra)
– "Démocratie"
– "Follis"
– et le ciné-concert "La Pieuvre - Germinal"
Vous trouverez plus d’informations dans le dossier de présentation à télécharger sur cette page.