5€ | 42 rue Kuhlmann | M° Porte des Postes ou Wazemmes
Supercolor Palunar - Video Feedback Experience
Jérôme Noetinger & Lionel Palun
Deux projections superposées, l’une créée par le son, l’autre alimentée par un feedback vidéo de la précédente. Le son génère de l’image. L’image génère du son. Le téléviseur est amplificateur, la caméra devient micro, le synthétiseur est source de lumières, les micros la colorent et la table de mixage brouille le tout. Et c’est un signal électrique commun qui est le matériel du duo. Une expérience distendue de sons dénaturés et de couleurs craquées.
Photos : Lionel Palun
Ainsi nommé en référence au Tryphonar de Tournesol dans ”Les bijoux de la Castafiore”, le système de Lionel Palun se présente sous la forme de trois écrans de télévision posés l’un sur l’autre, du plus grand au plus petit, et a été conçu pour étudier les réactions visuelles de ces tubes cathodiques aux divers stimuli sonores qui peuvent leur être envoyés. Lionel est lui-même un ancien chercheur du CNRS, passionné dès son plus jeune âge par la physique et l’informatique, qui a décidé un beau jour que son emploi ne satisfaisait plus ses désirs créatifs. Et ce que la recherche a perdu, 1’art est heureux de pouvoir en bénéficier car la prestation des deux acolytes fait sans doute partie des expériences les plus étonnantes qu’il nous ait été donné de voir. La technique m’en est absolument inconnue mais, d’après ce que j’ai pu glaner comme informations, les signes envoyés depuis les machines sonores de Jérôme sont traduits en langage visuel par les écrans de Lionel, lequel interfère alors sur leur développement, créant divers feedbacks (ou boucles) que le musicien récupère à son tour... Et ainsi de suite ! Il en résulte une forme de spectacle télévisuel totalement abstrait dans lequel les couleurs et les trames évoluent puis se mêlent, s’effilochent et se perdent tandis que l’électronique fournit une bande-son tout aussi peu figurative. Hormis le spectacle et la performance, c’est surtout cette poésie du bricolage et l’exploration de nouvelles pistes possibles qui séduit dans ce duo, une humilité d’artisan tout a fait bienvenue dans cet univers contemporain tellement satisfait, parfois, de lui-même.
> Improjazz 156, Juin 2009, p. 43