Sophie Agnel et Barbara Dang tracent, chacune à leur manière, une voie dans le paysage de la musique improvisée à travers leur usage très personnel du piano étendu et du jeu sur les cordes. Leur première rencontre sur scène (2016) se fait pourtant par l’angle de la musique écrite, de surcroît exclusivement sur le clavier. Elles interprètent Symmetries, une pièce de Tom Johnson pour piano à 4 mains composée dans les années 80.
Elles proposent aujourd’hui un nouveau moment musical à 4 mains : une transition fluide de l’interprétation de compositions écrites très courtes (Arvo Part, Morton Feldman, Carla Bley, Mompou) vers l’improvisation libre. Ces compositions survenant comme un moment de souffle, une respiration, un contrepoint, une réminiscence.
Sophie Agnel et Barbara Dang mettent en commun leur utilisation du piano étendu et des cordes, cherchant également à questionner leur présence sur scène, à nourrir des interactions musicales ludiques, imprévisibles, intenses, spontanées... C’est un solo de piano à deux têtes. La proximité des corps, du souffle, crée entre elles un lien souterrain puissant. 4 bras anonymes, 2 têtes, 20 doigts, le piano à bras le corps. Elles jouent du piano, avec le piano, dans le piano, tantôt assises, tantôt debout, tantôt allongées, comme deux sœurs siamoises ou comme Shiva, déesse à 4 bras. Le piano est un terrain de jeu, et si on écoute bien, on peut apercevoir toute l’histoire du partage de cet instrument, des 4 mains de Mozart aux duos des Marx Brothers.