Un batteur, une batterie, des micros, des impulsions électriques. Des solos amplifiés d’effets en quadriphonie qui utilisent comme matière première la texture sonore et les harmoniques de l’instrument acoustique, et finissent par créer au bout du tunnel d’envoûtants paysages rythmiques et soniques. Parfois même jusqu’à la mélodie.
C’est en 2014, lors de sa participation au festival Incubate à Tilburg en Hollande, que Frédéric L’Homme est amené à participer à une pièce pour batterie écrite par Kid Millions, batteur du groupe Oneida. Son approche expérimentale de l’instrument lui a immédiatement inspiré des idées conceptuelles qu’il a voulu mettre en pratique au sein d’un trio composé uniquement de batteurs. N’ayant pu faire aboutir ce projet de façon collaborative, il a laissé mûrir l’idée d’exploiter seul avec l’aide d’outils informatiques ; c’est sous cette forme qu’il a présenté ce projet dans le cadre d’une résidence à l’Orange Fluo, avec le soutien de Muzzix.
Ayant toujours envisagé le jeu de batterie et de percussions de façon très organique, ce solo de batterie augmenté vient poser la question du dépassement des limites sonores de l’instrument à l’aide d’effets de jeu, mais aussi d’effets électroniques simples, afin de le faire sortir de son rôle classique d’accompagnement rythmique en créant des textures qui vont amener d’autres dimensions sonores, voire même mélodiques et harmoniques. Frédéric L’Homme a l’ambition de pousser l’instrument dans ses retranchements et de faire de la batterie l’orchestre total d’une expérience sonore pour le spectateur. Au cœur même de ce projet musical se trouve l’adéquation entre un instrument acoustique et le système de diffusion accompagnant la retransmission du son au public. Le travail autour des harmoniques de l’instrument se fait par l’utilisation de différents effets à travers la captation des éléments essentiels de la batterie, et diffusés sur 4 enceintes placées aux 4 coins de l’espace de diffusion permettant un jeu quadriphonique au sein duquel l’auditeur se meut librement, en immersion totale dans le champ sonore.
Plusieurs influences se mêlent sur ce projet mais l’une des plus fondatrices est celle de Man Forever de Kid Millions et ses pièces écrites pour batterie et percussion, qui mettent en jeu les conditions acoustiques inhérentes à l’instrument lui-même mais aussi au lieu dans lequel elles prennent place. On peut également citer aussi plus largement l’influence de la musique improvisée, dont divers projets Muzzix que qu’il a pu côtoyer ou dont il fait partie. On peut citer "La Pieuvre" pour les pièces expérimentales basées sur des concepts sonores et le sound painting, ou encore la pièce Radiolarians de Michael Pisaro-Liu par le Grand Orchestre de Muzzix dont il fait partie, qui lui a permis d’aborder des éléments de réflexion quant à la question de la spatialisation du son qui est centrale dans son installation.
Ce projet a rencontré son public sous forme de test lors d’un concert programmé par Muzzix le 3 avril 2023 et a depuis été développé en collaboration avec Antoine Rousseau, musicien et concepteur d’installations interactives qui l’a aidé et créé l’outil informatique qui répond parfaitement à ses attentes musicales et sonores.